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Cha(t)leur et Ronronnements
1 septembre 2009

Chat noir : Obscurantisme, Persécution et Superstition tenace

Dans les pays européens, le chat noir est toujours marqué par une vieille superstition venue du Moyen Age. Cette superstition est tenace et la vue d’un chat noir est encore aujourd’hui ressentie comme un mauvais présage.  Si les mythes et légendes entourent la couleur noire depuis la nuit des temps, le chat noir a, à lui seul, stigmatisé ces superstitions souvent meurtrières.

Le chat divinisé en Egypte, pour ses mystères, sa grâce et sa beauté,  fut ramené par les légions romaines de retour de campagne, qui l’emmenèrent avec eux coloniser l’Europe.

Cette représentation vivante d’une divinité païenne devint le bouc émissaire tout désigné du christianisme obscurantiste qui, pour asservir une population ignorante, personnifia ainsi le Malin, en frappant l’imaginaire populaire, pour lutter contre le renouveau des cultes païens dès le XIVeme siècle.

Le chat noir plus encore que les autres.

Ennemi tout désigné de l'Eglise, une succession de bulles papales (lettre  apostolique établie par le Pape) signèrent les siècles de persécution à l'encontre des chats.

Dès 1233, une bulle stipula que les chats noirs étaient les serviteurs du Diable. Le pape Innocent VII exigea une intensification immédiate de la persécution des chats puis Innocent VIII rédigea une nouvelle bulle en 1484, ordonnant que les sorcières et leurs chats soient brûlés vifs.

En effet, d’Allemagne arrivent des rumeurs dans lesquelles d’effroyables orgies sont présidées par des sorcières réincarnées en chats noirs. C’est le culte de Freya qui honore la fécondité tout en favorisant les plus vils instincts.

C’en est trop pour l’inquisition qui condamne les pratiques de sorcellerie et pratique à tour de bras les autodafés. La chasse aux sorcières est lancée en même temps que celle aux chats, soupçonnés d’être les suppôts de Satan, la monture des sorcières qui se rendent au Sabbat.

On craint alors les minous à la sombre fourrure dont les yeux étincellent dans la nuit et dont les miaulements pendant les périodes de chaleur glacent le sang des esprits faibles .

L’Inquisition et l’Eglise traquèrent le chat noir plus encore que les autres chats. Dans le procès des Templiers, il est fait mention d’adoration de Lucifer qui apparaissait à ses adeptes sous la forme d’un chat.                                

MANNY_3A cette époque, toute personne possédant un chat noir risque de  mourir brûlée vive, à moins que le chat ait une petite touffe  de poils blancs appelée "doigt de Dieu" ou "marque de l'ange" sur le poitrail.

( Ci-contre, Manny, touché par la grâce de Dieu)


Dans de nombreuses villes d’Europe, souvent en période de Carême, on organisait des bûchers pour y sacrifier des centaines de chats, suspendus par la foule en haut d'un mât, sur le bucher ou jetés dans des paniers d'osier au milieu du brasier/

Le rituel terminé, chacun prenait une poignée de cendres pour la répandre dans sa maison et dans les champs, afin de se préserver de la disette et des épidémies.                                   

La ville de Metz pratiqua ce type d’autodafé pour  les feux de la Saint Jean jusqu’en 1777.    

Le roi de France, lui-même, participa jusqu’au 18e siècle à ces autodafés de chats qui se déroulaient sur la place de Grève. Il devait enflammer le tas de fagots au-dessus duquel était accroché un sac rempli de chats.

C'est sous le règne de Louis XV, qui aimait les chats, que le martyr public des chats fut interdit.

Cependant, la folie meurtrière à l'encontre des chats toucha toute l'Europe où des rites sacrificiels étaient organisés.          

En Belgique, le sinistre « Kattestoët » ou « jets de chats » s’est poursuivi jusqu’en 1817. Le bourreau jetait du haut de la tour trois chats vivants. Si l’un des chats survivait à la chute, il était poursuivi par la foule hystérique jusqu’à ce que mort s’ensuive.                                    

MH_CombourgEn Angleterre, un groupe de chats momifiés, a été découvert, emmurés dans une aile de la Tour de Londres (on emmurait souvent des chats vivants, dans une maison ou un édifice, pour s’attirer les faveurs de Dieu et conjurer les maléfices).

(Ci-contre "Le chat noir" du Chateau de Combourg en Bretagne, retrouvé dans les murs, lors de la rénovation de la tour du Chat)

A Ypres, en Flandres, on jette les chats vivants depuis la tour du château, puis du haut du beffroi pendant la seconde semaine du carême, suite à la décision du comte selon laquelle, même dans la ville où son ancêtre Baudoin III inaugura en 962 le mercredi des chats, ces animaux étaient devenus indésirables .

Dans le Schleswig Holstein  se déroulait  pareille cérémonie et un chat personnifiant Judas était jeté de la tour des églises.

Dans d’autres contrées, comme en Flandres et en Westphalie, les chats sont jetés vivants dans des chaudrons d’eau bouillante.

De nombreuses femmes ont été condamnées au supplice rien que pour avoir hébergé ou nourri un chat.

En 1747, l’archevêque de Cologne ordonna que tout chat eût les oreilles coupées, car on croyait alors que l’ablation des oreilles rendait les chats ainsi mutilés inaptes aux sabbats.

Ce n’est qu’à partir du  18e siècle que les mentalités commencent à évoluer lentement. Cette évolution est sans doute due à l’importation d’Orient de chats Angoras et de  chats persans dont étaient friands les nobles de la cour à Versailles.

Le destin des chats s'adoucit sans pourtant tordre le cou à la superstition du Chat Noir, encore bien ancré dans les mémoires.

 

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